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Added Feb 28, 2018

Où sont passés nos contemporains français?


En dépit de quelques réussites individuelles, l’art contemporain français n'existe presque pas sur la scène internationale. C’est d’autant plus dommageable que la légitimité et la reconnaissance des artistes, dans un marché devenu planétaire, se gagnent hors des frontières.

Les rares succès n’en sont donc que plus formidables et inattendus, comme ceux presque simultanés de trois jeunes artistes françaises en quelques mois: Camille Henrot recevant le Lion d’Argent lors de la 55e Biennale de Venise en 2013, Laure Prouvost récompensée en décembre par le Turner Prize, à Londres, ou Pauline Curnier Jardin exposant au MIT List Visual Arts Center à Boston, le musée du prestigieux Massachusetts Institute of Technology.

Mais toutes les trois ont gagné cette reconnaissance en s’expatriant: Laure Prouvost à Londres à la fin des années 90, Camille Henrot à New York depuis 2012 et Pauline Curnier Jardin à Berlin. Ces succès sont inhabituels à plus d’un titre.

Ils sont le fait de femmes, jeunes et françaises. Ils illustrent aussi le fait qu’en restant en France et dans les systèmes français, il est devenu presque impossible pour de jeunes artistes contemporains de réussir. Au contraire de leurs homologues américains, anglais, allemands, suisses… ils semblent n’intéresser personne, peu de collectionneurs privés, peu de galeristes capable de les propulser sur la scène internationale, à l’exception toutefois de fondations récentes comme la Maison Rouge d'Antoine de Galbert (2003), la Fondation Ricard (2006) ou le Sam Art Project de Sandrine et Amaury Mulliez (2009), qui font de réels efforts.

Même l’Etat ne croit pas aux artistes français et complique les choses en imposant un double taux de TVA sur la vente de leurs œuvres. Un taux préférentiel est appliqué aux œuvres d’art d’un artiste étranger (5,5%) tandis que l’artiste français sera lui taxé à 10%. L’exception culturelle française... à l’envers.

La présence de plasticiens français dans les expositions temporaires est anecdotique, et quasi-inexistante dans les collections permanentes des grandes institutions culturelles internationales. Déjà en 2000, le chercheur Alain Quemin établissait un constat sévère sur l’état de l’art contemporain en France. Quatorze ans plus tard, on ne peut pas dire que la situation se soit améliorée.

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