Czart

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Ajouté le 28 févr. 2018

Des commandes publiques en circuit fermé!


Bien sûr, nous avons la FIAC, la foire d’art contemporain, qui se tient au début de l’automne à Paris depuis plus de 40 ans. Elle tente de se redynamiser, mais pourtant, tend surtout à confirmer les valeurs sûres et étrangères. Son salut viendra peut être de ses déclinaisons à l’étranger, à Los Angeles en 2015 ou, de manière plus hypothétique, à Saint-Pétersbourg.

Bien sûr aussi, Paris attire encore des galeries. Quand Larry Gagosian s’installe au Bourget ou Thaddaeus Ropac à Pantin, on s’extasie. On souligne aussi que d’autres font le choix de rester, comme l’américaine Marian Goodman, présente depuis 1995.

Mais ces méga-galeries ne sont pas là pour découvrir ou promouvoir de nouveaux talents français. Quant aux galeristes  parisiens, s’ils veulent continuer à exister, ils doivent se tourner vers l’étranger en s'installant, avec succès, à Shanghai (Madga Danysz), Hong Kong (Galerie Perrotin), Bruxelles (Daniel Templon) ou New York (Galerie Zürcher).

Quant au second marché, qui établit réellement la «valeur» marchande des œuvres, et qui passe par les maisons de vente, la place parisienne est largement désavantagée face à ses concurrentes par une fiscalité pénalisante et complexe, et son éclatement en pas moins de 74 maisons intervenant à Drouot. Résultat, selon Artprice, le marché parisien représentait l'an dernier 2,8% du marché mondial, très loin derrière les Etats-Unis et la Chine, quasi ex aequo à près de 33%, et le Royaume-Uni, à 21%. On comprend mieux que les vendeurs potentiels préfèrent être à New York et Londres.

La vraie exception française en matière d’art contemporain? Des institutions publiques comme le Fonds national d'art contemporain (FNAC) et les 23 Fonds régionaux d’art contemporain (FRAC), qui viennent de fêter leur trentième anniversaire. De vraies «machines» bureaucratiques au service de l’art.

La collection d'art contemporain appartenant à l'État comprend près de 96.000 œuvres achetées, dont la moitié produites par des artistes français, entreposées sur 4.500m2 dans le quartier de la Défense à Paris. Chaque année, entre 600 et 1000 œuvres sont acquises. Mais les commandes d'Etat parasitent la scène artistique en surreprésentant des artistes qui vivent presque exclusivement de la manne publique et les acquisitions sont faites dans la plus grande opacité.

Les artistes issus de ce système fermé sont totalement absents des catalogues de vente. Et les rares artistes français qui ont réussi à émerger au cours des dernières années l’ont fait hors de la sphère publique.

Cela se voit dans les classements. Selon Artprice, le premier français en termes de ventes en 2013, Robert Gombas, arrive en 81e position. Son record? 166.000 dollars pour une toile de 1985 vendue à Bruxelles. Pour mettre en perspective, le dernier grand artiste français «contemporain» à apparaître dans les ventes d’art est Yves Klein, décédé en 1962! Sa dernière toile vendue remonte à 2012 chez Christie’s à Londres, à un peu plus de 23 millions d’euros.

Créé avec Artmajeur